dimanche 12 avril 2009

Thailande - Autre regard

Bonjour a Tous,
(Texte de Gerald)

Tout d'abord, une petite remise en contexte temporel: nous vous avions laisse la derniere fois a Paxse au Laos ou nous avions mis nos velos au repos (!) pendant quelques jours, le temps de faire un A/R a l'extreme Sud du Laos en mobilette vers le lieu-dit des "4000 iles" sur le Mekong. C'etait vraiment aussi une region magnifique. De retour a Pakse, nous nous sommes remis en selle pour quitter definitivement le Laos avec un brin de tristesse apres 2 visites espacees de 3 ans... Quel superbe et chaleureux pays!

Notre route nous mena donc en 2 jours vers la Thailande (Ubon Ratchatani d'ou nous avons pris le train de nuit vers Bangkok).

C'est ici que je voudrais reprendre le recit de nos aventures. Pour changer un peu les habitudes et pour aller un peu plus vite, le recit suivant est repris presque mot a mot de mon cahier de notes personnelles que j'essaie tant bien que mal de tenir a jour quotidiennement. J'espere que ca vous plaira...

*** Nous partons tres tot (a 7h sur les velos) car la route s'avere longue et nous esperons prendre le train couchette le soir meme pour Bangkok. Le trace est en fait tres agreable et tres calme, meme s'il fait vraiment tres chaud. Nous ne nous arretons pas beaucoup pour parcourir ainsi presque 100 km. Curieusement aujourd'hui, je realise que mon esprit travaille assez peu sur le velo, en tout cas moins que d'habitude. Je reste donc plutot concentre sur la route, conduite a gauche oblige, a ne penser a rien... meme si je sais qu'en realite, c'est impossible!

Nous arrivons enfin a Ubon et sa gare. Toutes nos pretentions sont rapidement revues a la baisse vu qu'il ne reste que des places en 3e classe. Oubliees donc aussi sec la nuit de sommeil en couchette. Nous nous arrangeons tout de meme pour prendre a l'insu de tous une vraie douche dans les toilettes de la gare... une aventure en soi.

Et puis nous decouvrons en montant dans le wagon ce qui m'apparut brievement comme un enfer. Un espace restreint et bonde, plutot sale, une minuscule banquette dure de 2 places, juste a cote de l'unique toilette, un bruit de ferraille continu, des courants d'air incessants et enfin, des neonts qui degageront toute la nuit une violente lumiere blanche juste au dessus de nos yeux fatigues. Je me suis demande quelques instants comment arriver a passer 11h d'affilee en pleine nuit dans cette situation en courant apres le sommeil. Mais finalement, la saine fatigue des 100 km l'emportera sur l'inconfort et nous arriverons a dormir par series de 20-30 minutes entrecoupees de bruits et de changement de positions. Dans ce domaine, je remarque avec stupefaction l'aisance avec laquelle nos co-voyageurs thailandais parviennent a passer tout ce temps stoiques, simplement assis sur ces banquettes tellement inconfortables, faisant preuve de tant de calme et de maitrise de soi. Enfin, le soleil se leve, mettant fin a nos souffrances et a ce penible trajet.

A notre arrivee vers 5h du matin, malgre nos sms et mails repetes de ces dernieres 24h, nous sommes toujours sans nouvelles de Patricia (guide a velo americaine habitant a Bangkok et rencontree juste 2 minutes sur la route au Laos) qui est censee nous heberger. Nous avons juste une adresse a laquelle nous hesitons a nous rendre, quelque peu gene de debarquer ainsi chez quelqu'un que nous ne connaissons en realite pas du tout, qui plus est a 6h du matin! Mais nous en avons en commun l'amour de ce fabuleux engin de voyage qu'est le velo, ce qui nous pousse finalement a ranger nos blocages internes de cote et d'y foncer! Pour ce faire, nous parcourons environ 10km dans un Bangkok qui se reveille doucement sous les premiers rayons du jour et c'est deja un peu la revelation... Nous sommes (enfin, surtout moi), comme deja aspires par cette ville fascinante et bondee.

Puis la porte s'ouvre finalement sur une charmante petite maison au calme d'une mini-ruelle dans un quartier tres prise. Patricia nous accueille donc comme prevu, dans un premier temps tout aussi mal a l'aise que nous. Lentement la glace se brise avec elle et ses co-locataires hollandais et danois et nous commencons donc a nous sentir un peu chez nous. Quel changement radical par rapport a ces presque 3 premiers mois de voyage: nous voici dans une enorme ville, loges dans une maison tout confort. Je dois avouer que ca fait aussi du bien. Evidemment, le cote "aventures" est un peu mis de cote pendant quelques jours mais nous ne boudons pas notre plaisir, meme si, deja, et comme a chaque fois, je sens que le bonheur de reprendre le rythme du voyage itinerant sera enorme.

C'est etrange comme, des les premiers instants, Bangkok me fascine. En fait, le plus surprenant est de constater la capacite de l'esprit humain a regarder et apprivoiser deux fois la meme realite de deux facons differentes. En effet, lors de notre 1ere visite ici il y a plusieurs annees, nous avions ete un peu decus de la ville. Mais nous sommes cette fois-ci dans une toute autre partie et nous approchons la ville d'une toute autre maniere.

Finalement, au bout de quelques tatonnements, non-dits, demi-phrases et d'un peu de gene, nous resterons une semaine entiere dans cette maison au lieu des 2 jours prevus initialement! Il ne s'agit plus ici de l'incroyable generosite d'une pauvre famille de villageois du Laos ou du Cambodge, mais simplement d'une autre forme, plus occidentale mais toute aussi touchante, de don a notre egard.

Lors de notre 3eme soiree ici, nous sommes convies a un BBQ avec des expats. Nous realisons a cette occasion a quel point cette ville semble exercer une attraction enorme sur tous ces expatries qui se declarent tous conquis par la vie ici.

Autre fait marquant qui nous impactera aussi: l'omnipresence de la nourriture. Elle est veritablement partout et sous toutes ses formes. Dans la rue, les cafes, les restos, les bars, les malls, les metros, les bureaux... chaque coin a ses habitudes, ses horaires, ses jours. Nous en profitons evidemment pour manger beaucoup et d'un peu de tout. C'est ainsi ma grande retrouvaille avec le sucre en tout genre... dont mon Nutella cheri et adore :-) Sandrine pourra quant a elle enfin s'offrir sa 2e bouteille de vin en 3 mois!

Nous passons donc cette quasi semaine a re-decouvrir pour notre plus grand plaisir cette ville si marquante a cote de laquelle notre bien-aimee BXL parait decidemment bien petite et endormie! Que ce soit a pied, a velo, en Skytrain ou en metro, nous courrons un peu partout a un rythme d'ailleurs assez soutenu pour voir, pour sentir, pour gouter mais aussi pour acheter et regler quelques details pratiques pour le reste du voyage (nombreuses visites d'ambassades notamment).

A plusieurs reprises, je roule seul a velo dans la ville. Sans bagages mais arme de mon casque, je file a vive allure sur les grands boulevards bondes de voitures et de motos. Je zizague assz souvagement entre tous ces differents usagers de la route que le trafic et les feux empechent d'aller plus vite que moi. Je me sens un peu comme un "sale gamin"... Curieusement, ces ballades ultra-urbaines me procurent a plusieurs reprises un grand sentiment de liberte lorsque, en pleine course, je leve les yeux et realise que je suis encercle de gratte-ciels. J'ai alors l'impression d'etre a NY ou Tokyo... j'ai l'impression peut-etre un peu bete et infantine d'etre dans un endroit qui compte...

Ces 6 jours passes ici auront vraiment marque une rupture tres nette avec le reste du voyage. Ce fut un brutal changement de decor, de rythme, d'habitude et d'alimentation. Nous avons tous les 2 beaucoup apprecie cette semaine hors du commun mais retrouverons, c'est sur, avec joie, nos velos et nos cadences lentes jallonnees de divers arrets des notre arrivee en Indonesie.

De meme, nous ressentons aussi tous les 2 un besoin de se "reconnecter" calmement et juste a 2, de revivre le plaisir de cette vie simple et sainement structuree que nous partageons avec bonheur depuis le debut du voyage.

Notre derniere soiree ici fut l'occasion d'un trop copieux repas en compagnie de deux de nos hotes. Il y avait enormement de nourriture sur la table, ce qui nous replongea presque naturellement dans nos habitudes de vie bruxelloise. Nous mangeames donc sans compter, voire meme sans reflechir, remplissant nos estomacs jusqu'a plus faim. A l'heure du coucher, une fois passe le plaisir de l'instant, nous constatames avec interet que cette sensation d'etre trop plein de bouffe jusqu'a en avoir mal au bide est en fait tres desagreable... Et la encore, je repense avec nostalgie a nos aventures cambodgiennes ou laotiennes quand le peu de nourriture ou l'austerite des repas nous forcaient a plus de saine legerete...***

Et pour conclure, c'est aussi a Bangkok que nous avons appris l'arrivee dans ce monde d'Alice Donck (dont la maman est Caroline Binet) qu'il nous tarde de recontrer! Felicitations aux parents encore une fois!

Gros bisous ensoleilles, chauds et transpirants :-) !

Gerald

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut,
Petit moment de culture, qui vous éclairera peut-être sur le pourquoi du charme sous lequel vous êtes tombes à Bangkok (source: Wikipédia, article sur Bangkok, chapitre toponymie))

"Son nom entier est : Krung Thep Mahanakhon Amon Rattanakosin Mahinthara Ayutthaya Mahadilok Phop Noppharat Ratchathani Burirom Udomratchaniwet Mahasathan Amon Piman Awatan Sathit Sakkathattiya Witsanukam Prasit, (en Thaï : กรุงเทพ มหานคร อมรรัตนโกสินทร์ มหินทรายุธยา มหาดิลกภพ นพรัตน์ราชธานีบุรีรมย์ อุดมราชนิเวศน์มหาสถาน อมรพิมานอวตารสถิต สักกะทัตติยะวิษณุกรรมประสิทธิ์) ce qui signifie : « Ville des anges, grande ville, résidence du Bouddha d'émeraude, ville imprenable du dieu Indra, grande capitale du monde ciselée de neuf pierres précieuses, ville heureuse, généreuse dans l'énorme Palais Royal pareil à la demeure céleste, règne du dieu réincarné, ville dédiée à Indra et construite par Vishnukarn. »

L'appellation courante de Krung Thep ou Krung Thep Mahanakhon est reflétée dans un chant populaire (กรุงเทพมหานคร/Krung Thep Mahanakhon par อัสนี-วสันต์ โชติกุล/Asanee-Wasan Chotikul).

Le Livre Guinness des records le note comme le nom de lieu le plus long au monde[1].

Une des explications pour le nom de Bangkok (mais il y en d'autres) est qu'il serait la contraction de Bang Ma-Kok qui se traduit par « lieu planté d'oliviers » ; bang est souvent utilisé dans le nom des villes situées au bord de la mer ou d'une rivière, Ma-kok désigne la prune de Java."

Pour la suite, c'est là: http://fr.wikipedia.org/wiki/Bangkok

Bon vent et à bientôt,

Alex

Anonyme a dit…

Hello Gégé et Sandy,

Tout d'abord, c'est quoi cette histoire de mobilette.. ça va plus ou quoi? c'était pas dans le contrat, on avait dit vélo vélo vélo :-)
Ensuite, ravi d'avoir pu avoir accès, l'espace de quelques minutes, à ton carnet de notes personnel... Je te rassure, on y prend autant de plaisir à te lire que lors des précédentes entrées de ce blog.
Finalement, ravi pour vous que vous ayez enfin pu bouffer comme des cochons... Car les dernières photos que j'ai pu voir confirmaient mes craintes d'avant ton départ: la peur de pas te voir quand tu passes à côté de moi tellement t'es devenu une crevette :-)
Bonne continuation... je m'en vais de ce pas lire votre texte suivant, étant donné que vous nous avez gratifiés de deux tartines en deux jours.
bisous,
Vanni

Anonyme a dit…

Toujours un plaisir de lire vos posts. Par contre, vu que c'est des tartines, ce serait sympa d'agrémenter un peu le texte de détails moins bucoliques pour relancer le Blog.
- Est-ce qu'après 100kms à vélo, il est encore possible de faire autre chose que dormir dans un lit ?
- Est-ce que votre tente n'est pas un peu étroite ?
- Est-ce que vous avez gouter aux plaisirs locaux ?
- GG se fait-il interpeler par beaucoup de femmes de plaisirs ?
- Est-ce que la cohabitation n'offre pas des opportunités inenvisagées (surtout avec des Hollandaises)?

Voilà c'est juste des idées pour que le Blog revive un peu...

Bonne continution

Gade

Anonyme a dit…

Hey salut vous 2 !

ptit coucou en passant...

Merci pour vos textes et photos... c'est toujours aussi dépaysant de les parcourir !

Big hug,

Sav

Françoise a dit…

Salut Sandrine et GG,
Merci pour ta carte Sandrine. Je suis vos péripéties sur votre blog. Je suis toujours aussi épatée (et pas seulement par le nombre de piqûres de moustique !!)
La maison se porte de fait très bien (je n'ose m'en réjouir tout haut!): l'équipe s'agrandit, certains partent, changent de voie.
Ne pense pas encore trop boulot, profite de tout, maintenant !!
Je vous souhaite une très belle suite de voyage,des mollets de béton et un moral d'acier ! Je vous embrasse, Françoise